Savez-vous ce qu’est la précession des équinoxes ?
Il y a bien longtemps, lorsque j’ai commencé l’astronomie, le directeur du club était un astronome professionnel de l’observatoire de Floirac, près de Bordeaux. A son actif : la découverte de deux astéroïdes.
Cet homme qui transmettait son savoir répétait sans cesse : bien connaître le ciel ne peut se faire qu’à partir du moment où l’on comprend ce qu’est la Terre, dans sa forme, ses mouvements et ses positions.
Nous sommes parfois rebutés par le titre d’un article car nous n’en mesurons pas les contours. J’admets que ce n’est pas à chaque repas que l’on parle de «précession des équinoxes».
Fi du titre, voyons de quoi il s’agit.
Les mouvements de la Terre.
Comment peut-on imaginer que nos anciens pouvaient comprendre ce ciel en voyant la voûte céleste, jour après jour, nuit après nuit, perpétuer cette chorégraphie stellaire que représente le ciel en rotation autour de la Terre ?
Évidemment, ils en avaient conclu, et qui peut leur reprocher, que la Terre était de ce fait le centre de l’Univers. Tout le ciel tournait autour de la Terre. Prétention de l’Homme. Anthropocentrisme.
De nos jours, il en est tout autrement. Depuis ces temps immémoriaux, de grands savants ont rétabli la réalité, en particulier Galilée au début du 17° siècle.
Il eut l’idée que ce n’était pas le ciel qui tournait autour de la Terre mais que la Terre tournait sur elle-même, comme un valseur voit tourner autour de lui les 4 murs de la salle de danse. C’est lui qui tourne et non pas la salle.
Et pour échapper à un destin tragique s’il persistait dans cette théorie qui allait à l’encontre des thèses de la religion, Galilée dut encore renoncer publiquement à cette idée révolutionnaire devant le tribunal de l’Inquisition, sans toutefois renier ses convictions : « E pur si muove ! » « Et pourtant, elle tourne ! ».
A ce jour, la Terre, loin d’être plate, immobile et centre de l’Univers, est affublée d’une dizaine de mouvements dont deux sont particulièrement connus de tous et rythment notre vie quotidienne.
Elle tourne sur elle-même en 24 heures et elle tourne autour du Soleil en un an.
Un troisième mouvement, peu connu mais important, s’appelle la précession des équinoxes.
Comme le globe que nous avons à la maison, la Terre est penchée sur son axe de 23° 27’. Mais dans sa rotation, elle se comporte comme une toupie, un gyroscope, c’est-à-dire que non seulement elle tourne autour de son axe de rotation, mais cet axe décrit lui-même un cône en 25 735 ans.
Ce cercle ainsi décrit représente donc 2 fois 23° et demi, soit 47°. Décalage énorme ! S’il peut surprendre, il a aussi des implications de tous les jours.
Ainsi, les coordonnées des étoiles changent en permanence et les astronomes doivent les réajuster tous les ans.
Je vais évoquer trois conséquences de la précession. Sur l’étoile polaire, sur le ciel du temps des pyramides et sur l’astrologie.
L’étoile polaire.
Je vous ai dit précédemment que l’étoile polaire ou Polaris, qui se trouve dans le prolongement de l’axe de rotation de la Terre, ne semblait pas bouger dans le ciel pendant toute notre vie. C’est une règle fondamentale mais toute règle a son exception. Et l’étoile polaire a la sienne.
Puisque le Nord se décale, (précession des équinoxes) ce sont différentes étoiles qui, au fil des siècles et des millénaires, vont l’indiquer. Vous avez compris que notre courte vie, 100 ans pour les meilleurs d’entre nous, n’a aucune commune mesure avec l’échelle cosmique.
Les pyramides de Gizeh.
Du temps où les coups de fouet sur les esclaves rythmaient l’entassement des blocs de calcaire sur les pyramides de Gizeh, ce n’était pas Alroukaba de la Petite Ourse qui leur indiquait le Nord, mais une étoile de la constellation du Dragon, Thuban.
Voici quelques années, un égyptologue français, Robert Bauval, qui vivait au Caire, grand amateur d’astronomie, eut l’idée de recréer le ciel du temps de la construction de Gizeh.
Et là, s’éclaircissaient des énigmes enfouies depuis des siècles, en particulier celle de l’inclinaison des « canaux d’aération » partant de la chambre du Roi ou de la Reine. En deux mots : de la chambre du Roi part un canal d’aération qui n’aère rien puisqu’il ne sort pas de la pyramide. Il a une inclinaison qui ne veut absolument rien dire. Mais du temps de la construction, il était dans la direction de l’étoile Thuban. De la même façon, partant de la chambre de la reine, un autre canal qui lui non plus ne veut rien dire actuellement, visait l’étoile Sirius, la plus brillante étoile du ciel et Sirius était assimilée à Sothis ou Isis, sœur et épouse d’Osiris.
Je vous renvoie à son livre passionnant « le mystère d’Orion ». S’il en était besoin, voici la preuve irréfutable que ce que l’on appelle maintenant la synergie, réunion de tous les spécialistes pour résoudre un problème, fait avancer les choses beaucoup plus rapidement que chacun dans son coin.
Pour le cas présent, les égyptologues butaient sur cette énigme ; avec l’aide des astronomes, les progrès dans la compréhension sont énormes.
L’astrologie.
Autre conséquence de cette précession qui suscitera certainement plus de curiosité que l’étoile polaire des Égyptiens. L’astrologie.
Les signes du zodiaque.
Lorsque je demande aux gens pourquoi ils sont Cancer, Balance ou Gémeaux, j’ai un grand silence accompagné d’une moue en retour. Ils ne savent pas. Un soir, un brave monsieur me répondit avec une voix grave : « parce que c’est écrit dans Télé 7 jours ». Voilà une réponse scientifique lui ai-je répondu.
Résumons. L’astrologue va définir votre signe du zodiaque en fonction de votre date de naissance. Je suis né un 07 mai et bien entendu, l’astrologue va être persuadé que je suis un taureau. Pourquoi ?
Tout simplement, parce qu’il y a plus de 2 000 ans, les mésopotamiens, relayés par Ptolémée, grand astronome, voyaient le Soleil devant les étoiles du Taureau. Et Bing, me voilà Taureau.
Mais si aujourd’hui, le jour de mon anniversaire je demande aux astronomes ou à l’IMCCE (voilà un bon site que je vous incite à mettre en favori sur vos ordinateurs) de me dire dans quelle constellation se trouve le Soleil, ils seront tous unanimes pour répondre le Bélier. Ce décalage est dû à la précession des équinoxes.
Prenons un exemple simple. Supposons une personne née un 30 avril. Tiens, c’est bizarre cette date !
Si nous regardons la position du Soleil il y a 2 000 ans, nous voyons qu’il trône au milieu de la constellation du Taureau. D’où l’attribution du signe du Taureau aux natifs de cette date.
Mais si je cherche la position du Soleil en ce moment, 2 000 ans plus tard, je constate que notre étoile ne se trouve plus dans le taureau, mais dans la constellation précédente, le Bélier.
Et il en va de même, ou presque, pour toutes les constellations du zodiaque.
Ce qui m’a toujours effrayé en écoutant les horoscopes, c’est de constater que les astrologues commettent des erreurs de positionnement du Soleil et des planètes pour définir le thème astral. Un peu comme si le COMLE disait à ses invités : bienvenus à Gémenos. Oh la boulette !!!
Mais la tolérance doit prévaloir. Si en lisant votre horoscope, vous trouvez qu’en Amour, Travail et Santé, ça vous va bien, n’en changez pas !
Il est plus important de contempler que de vouloir interpréter.
L’homme des cavernes avait cette immensité stellaire comme chapiteau. Il l’a dessinée sur les parois de ses grottes. Plus tard, il a noté avec minutie tous ces phénomènes inattendus qui se présentaient. Étaient-ce des présages ? La comète de Halley sur la tapisserie de Bayeux.
Nous avons évoqué l’Égypte ancienne. Sur les textes des pyramides retrouvés à Saqqarah, une phrase donne l’importance du ciel pour toutes ces civilisations passées. « Nous avons recréé sur Terre le ciel que nous avions au-dessus de nos têtes ». L’alignement des trois pyramides, Khéops, Khéphren et Mykérinos n’est-il pas la pure réplique de celui des trois étoiles Alnitak, Alnilam et Mintaka, la ceinture ou baudrier d’Orion. Orion, c’est Osiris pour les Égyptiens.
Les pyramides, seules merveilles encore debout sur les sept du monde antique représentent la relation éternelle que l’homme a entretenu avec le ciel.
Le ciel des Hommes était leur plafond, leur toile tissée, avec ces étoiles immuablement fixes les unes par rapport aux autres. Ils savaient prévoir les saisons, se repérer grâce à ces dessins représentant des personnages, objets, animaux qu’ils projetaient dans le ciel pour qu’ils deviennent ainsi éternels.
Comment imaginer que les premiers hommes à vouloir braver les océans pour aller voir plus loin et conquérir des terres ont pu le faire sans se repérer grâce aux étoiles ?
Et les caravanes dans le désert ? Parlez des étoiles aux Touaregs et leurs yeux s’illuminent. Ils connaissent. Ils n’ont pas encore entendu parler de GPS.
Les déserts, rêves des astronomes pour la pureté de leur ciel.
Autour des villes, pour des raisons de sécurité, un halo lumineux domine le ciel et gomme les étoiles. On ne voit plus rien. Les coins sombres se comptent. C’est dramatique.
A l’échelle cosmique, les étoiles se déplacent et les repères ne seront plus les mêmes. Dans quelques milliers d’années, les 7 étoiles de la constellation de la Grande Ourse seront parties dans différentes directions au point de ne plus représenter pour les yeux des hommes alors sur Terre, cette casserole, ce chariot.
Nous pouvons remonter aux sources de la vie humaine, mais est-il raisonnable de se projeter dans le futur ? Au rythme où évolue la folie des êtres humains, y aura-t-il encore un Homo Sapiens pour le constater ?
L’homme s’évertue à mettre en danger la seule planète connue qui recèle la vie.
Il est grand temps que nous prenions conscience que notre planète est menacée et qu’il faut, pour les lointaines générations à venir, qu’elles puissent encore s’émerveiller de la beauté du ciel en regardant à travers cette atmosphère transparente.
Pourvu que la Terre ne suive pas le même chemin, le même processus que Vénus qui est devenue un enfer par son atmosphère saturée par les gaz à effet de serre !
Tout cela dépend de l’Homme. Il est peut-être encore temps. Mais…
Une dame posa un jour cette question à Albert Einstein : « Qu’est-ce qui est infini ? » Il répondit : « Je connais deux choses qui sont infinies. L’univers et la bêtise humaine ». Avant d’ajouter : « En ce qui concerne l’univers, je n’ai pas de preuve formelle ».
Il faut le faire mentir. Cessons de polluer notre atmosphère et nous pourrons encore jouir de ce spectacle fabuleux depuis notre balcon sur l’immensité de l’Univers.