OFFICIERS À TITRE ÉTRANGER (Off-TE)
Une singularité au cœur de la Légion étrangère ?
Par le Capitaine ( ER-TE) Louis Perez y Cid
Nous sommes des officiers à part entière, issus du rang, engagés volontaires comme légionnaires et sélectionnés au sein même de la Légion. En somme, des officiers « faits maison », jugés fiables.
Dès sa création en 1831, la Légion dut nommer des Off-TE. En 1832, l’expérience montra que la sélection par le rang était efficace. Aujourd’hui encore, cette tradition perdure.
Notre existence a, entre autres intérêt : permit au jeune légionnaire de trouver un interlocuteur parlant sa langue, et d’offrir aux plus ambitieux l’espoir d’une carrière fondée sur le mérite.
Notre place parmi les officiers
Dans les années 1920, le général Rollet a élargi le recrutement des officiers de la Légion à l’infanterie métropolitaine, il s’agissait avant tout d’élargir le réservoir de sélection et donc la qualité du commandement. Depuis toujours la conduite des affaires, l’orientation générale et la préservation des traditions relèvent de ces officiers Saint Cyriens du régime général. Ils sont formés pour ça.
Les Off-TE constituent un complément : issus du sérail, ils connaissent intimement la maison et surtout l’esprit du légionnaire.
Si, les officiers du régime général tracent la route ; les Off-TE font avancer la mule lorsqu’elle se cabre. En d’autres termes, les premiers construisent, orientent et font évoluer la machine ; les seconds la font tourner. Qu’on le veuille ou non, c’est ainsi, à de rares exceptions près.
Cette appréciation peut sembler subjective, car chacun voit midi à sa porte, mais rappelons que les Off-TE ne représentent qu'une minorité du corps des officiers. La Légion pourrait vivre sans eux, mais pourrait-elle vivre sans ses officiers du régime général ? J’en doute. Certains nous appellent même « officiers des intervalles » ; à chacun son jugement.
Comme le dit un proverbe arabe : « C’est la tête qui dirige le chien, pas la queue. »
Alors restons lucides et comme disaient nos anciens,: « restons calmes et buvons frais », mais que chacun tienne son poste.
Gardons en tête que la Légion étrangère n’est pas l’affaire d’une seule catégorie : ni de l’officier, ni du sous-officier, ni du légionnaire, mais de l’ensemble et chacun dans sa compétence. Ce qui compte, c’est la cohésion du bloc. C’est cette solidarité inaltérable qui a fait la force et le succès de la Légion, pas le particularisme.
Les Off-TE et la Saint-Antoine
Au commencement de toute chose, il y a une volonté.
En 1999, le commandant Christian Morisot, alors au FELE, a proposé aux Off-TE, anciens et actifs, de se retrouver chaque année, le 17 janvier, pour la Saint-Antoine du Désert, saint patron de la Légion.
Salvador Dalí, La Tentation de saint Antoine
1946, huile sur toile, 89,5 x 119,5 cm
Musées Royaux des Beaux-Arts de Belgique, Bruxelles
Cette volonté répondait à un besoin : se retrouver, échanger entre générations, partager simplement le plaisir de la camaraderie. D’abord timidement, la participation augmenta et plusieurs lieux de réunions furent essayés. Certains auraient voulu donner un but plus précis à ces rencontres, mais la majorité préférait qu’elles restent informelles et fraternelles en des lieux qui symbolisent la solidarité, Auriol et Puyloubier.
Ces réunions ont duré jusqu’à l’interruption due à la période du COVID en 2020.
Le général COMLE a relancé l’idée : le 17 janvier 2025, à la Saint-Antoine, les Off-TE, anciens et actifs, ont été conviés au quartier Viénot, en présence d’officiers de la Maison mère pour le déjeuner prit en commun. Seuls 8 anciens participaient, et si le caractère informel avait disparu, l’esprit fraternel, lui, demeurait.
Et c’est bien là l’essentiel, même s’il est invisible pour les yeux…