Les Instruments d’observation.
Les jours diminuent, les températures chutent. Nul doute : Noël approche. Les enfants et grands enfants que nous sommes ne vont pas tarder à rédiger la fameuse lettre au Père Noël.
Certains vont avoir cette idée lumineuse de commander un télescope, histoire de voyager dans l’espace et de s’éloigner des soucis terrestres.
Avec un peu plus de 60 ans d’expérience, m’est-il permis de donner quelques conseils utiles à ces futurs astronomes ? Depuis des années, j’ai organisé des soirées pratiques de mise en service des télescopes vendus par des chaînes de magasins, dont les vendeurs, malgré l’inscription sur le dos de leur tee-shirt, ne sont pas forcément spécialistes en la matière. Que choisir ?
Tout d’abord, je suis formel : le plus important dans une lunette ou un télescope, c’est sa monture. Cela paraît bizarre mais c’est ainsi. Il faut bannir les montures légères, en plastique ou alu. Nous faisons de l’observation du ciel DEHORS, donc, soumis à la moindre brise. Si votre instrument subit les plus petits tremblements, très vite cette lunette, ce télescope finiront dans le fond du garage. Dégoutés.
Pour éviter cet échec, l’idéal pour commencer est une monture inox type EQ3-2 motorisée
Vous y installerez dessus un tube soit de 114/900, soit un 150, soit un 200 mm. Tout cela en fonction du budget dont vous disposez. Cette monture est suffisamment costaud pour supporter tous ces instruments.
Le télescope ne bougera pas, même avec le vent. Le petit moteur « qui va bien » permettra au télescope le suivi des objets dans le ciel et votre gamin pourra inviter ses copains sans avoir à déranger son père pour qu’il lui règle encore le pointage. Papa, y a plus la Lune !
Que faut-il acheter ?
La Lunette astronomique.
Autant dire que l’achat d’une petite lunette en plastique, pas chère, pesant quelques grammes est un piège sournois et très néfaste. Le réglage tient du miracle, les optiques ne sont pas toujours alignés ; bref, c’est à déconseiller formellement à moins que vous mettiez un prix exorbitant dans une lunette Fluorite, mais ce n’est pas la tradition de débuter en astronomie par une Fluorite.
Les télescopes.
Trois types de télescopes sont à votre disposition sur le marché.
Type Newton
Isaac Newton (XVII° siècle) a conçu ce type de télescope. Le sien faisait à peine 3,8 cm de diamètre. Photo 4 : Télescope de Newton
Le miroir principal (parabolique) est placé au fond du tube et un petit miroir plat, secondaire fait sortir la focale en perpendiculaire du tube, près de l’ouverture. Si le miroir a une focale de 2 m, le tube doit faire 2 m. Délicat. J’en avais fabriqué un, de 2,39 m de focale, au 6°REG, à Mayotte et au 4°RE. C’était un monument. Pour la petite histoire, à Mayotte, comme il était installé à côté du mess, sur le rocher, nous avions eu une visite de sécurité car certains pensaient que le DLEM s’était doté d’un missile dirigé vers la passe Sud de Bendrelé.
Encombrement donc pour le type Newton. Mais facilité de montage et d’utilisation. Personnellement, j’en ai fabriqué 7 après avoir « taillé et poli » moi-même les miroirs.
Type Schmidt Cassegrain
Beaucoup plus compact que le Newton, ce télescope a un miroir principal sphérique et un miroir secondaire hyperbolique. Très gros avantage : sa longueur très réduite. Mon 300 mm qui présente une focale de 3000 mm ne mesure que 60 cm. Avec un Newton, il mesurerait 3 m !
On regarde « au cul » du télescope.
Type Dobson
Depuis quelques années, un autre type de télescope est arrivé sur le marché. Les Dobson. Ce sont de gros tubes, généralement supérieurs à 200 mm, type Newton, c’est-à-dire que l’on regarde sur le côté du tube, près de l’ouverture. Les problèmes : l’encombrement. Un 300 mm de diamètre et 1500 mm de focale mesure 1,5 m. Difficile de le transporter. Mais si vous restez chez vous, no problem. Deuxième hic : la plupart du temps, ils ne sont pas asservis au point de vue suivi. C’est çà dire qu’en permanence, il va falloir agir sur le télescope pour suivre les objets ET DANS LES DEUX SENS, ASCENTION DROITE ET DECLINAISON.
Gros avantage du Dobson. Il est ouvert aux alentours de 5. Donc, pour le ciel profond, peu de grossissement mais beaucoup de lumière. Avec un bon oculaire, il est possible aussi de faire du planétaire. Autre avantage : le prix. Beaucoup moins cher qu’un Schmit Cassegrain.
Petits rappels concernant le diamètre de l’instrument et le grossissement.
Diamètre
Commençons par le diamètre et enfonçons des portes ouvertes. Un 114/900 a un miroir d’un diamètre de 114 mm et une longueur focale de 900 mm.
Le diamètre du miroir va jouer sur la quantité de lumière récoltée. Plus le miroir est grand, plus de lumière va entrer dans le télescope. Si vous voulez récupérer de l’eau de pluie, vous en aurez plus dans une bassine de 50 cm de diamètre que dans une soucoupe de tasse à café.
Donc, si vous voulez faire du ciel profond, c’est-à-dire observer des objets tels que les galaxies, amas d’étoiles, nébuleuses qui sont des objets peu lumineux, il vous faut axer votre recherche vers un gros diamètre. Supérieur à 200 mm.
Grossissement
Le grossissement. Pas de secret. C’est un calcul arithmétique. C’est le rapport entre la longueur focale du miroir et la longueur focale de l’oculaire. Explication.
Vous regardez dans un oculaire interchangeable. Il porte un numéro. C’est la longueur focale de la lentille Intérieure. Plus le chiffre est élevé, moins il grossit. Un oculaire de 42 grossira beaucoup moins qu’un oculaire de 14.
D’où : combien de fois grossit mon télescope ? Avec un télescope 114/900 et un oculaire de 25, j’ai un grossissement de 36 fois. (900 divisé par 25). Avec un oculaire de 10, j’ai un grossissement de 90 fois (900 divisé par 10).
Je passe à un télescope compact type Schmidt Cassegrain. Soit un Meade, soit un Célestron de 200 mm de diamètre. Comme ils sont ouverts à 10, ils possèdent une longueur focale de 2000mm.
Je reprends mes oculaires. Si c’est le 25, 2000 divisé par 25 égalent 80 fois. Si c’est l’oculaire de 10 : 2000 divisé par 10 donnent 200 fois de grossissement. Il n’y a pas photo, surtout qu’avec le 200 mm, vous aurez davantage de lumière qui va rentrer.
Une règle d’or : le grossissement demandé à un télescope ne doit jamais excéder 150 % de son diamètre. Pour un 200 mm, le grossissement maxi est de 300 fois.
Concrètement, dans un 114/900, Saturne vous apparaîtra toute petite, certes avec ses anneaux, mais.. Avec un 200, elle sera d’une beauté qui vous marquera à jamais. Pareil pour la Lune et ses cratères ou Jupiter et ses lunes.
Si le prix vous fait effectuer un bond en arrière, sachez qu’il existe un marché d’occasion remarquable car nous avons à faire à des passionnés d’astronomie, en principe soucieux du matériel, soigneux et désireux d’acheter un télescope plus gros, plus performant. Ils n’ont d’autre solution que de mettre leur 200 en vente.
Il n’est pas question de faire ici de la publicité à quiconque. Mais je vais me permettre de citer quelques structures à qui nous nous adressons et qui nous ont toujours apporté satisfaction, tant sur le plan qualité du matériel que conseils techniques : l’Astronome à Lorient ; la Cléf des étoiles à Toulouse ; Bresser à Brignolles ; Médas à Vichy, Pierrot Astro à Béziers.
De même que si vous ressentez la nécessité d’avoir quelques conseils, je ne peux que vous inciter à vous rapprocher du club astro le plus proche de chez vous ou tout simplement à me contacter, soit par courriel, soit par téléphone. Je me ferai un plaisir de partager un moment de passion avec vous.
Bonne commande auprès du Père Noël.
Et surtout, n’oubliez pas : à l’œil nu ou avec une simple paire de jumelles, ou mieux encore, l’œil rivé derrière un télescope, vous découvrirez les beautés insoupçonnées du ciel une fois isolé des lumières parasites que notre besoin de sécurité multiplie dans nos villes.
Regardez, seul ou accompagné cette voûte céleste et surtout, écoutez-la. Elle vous enverra des messages de paix, de rêverie et surtout d’humilité. Tout ce dont nous avons besoin.