Qu’est-ce que L’étoile Polaire ?
                        
                        
                        Je suis toujours très surpris, lors de mes soirées avec le public, en demandant le nom des planètes de notre système solaire, de constater que celui de notre brave Terre arrive régulièrement en dernier. C’est ainsi. Nul n’est prophète en son pays.
                        
                        
                        
                        Alors, quitte à passer pour un original, je vais commencer notre fabuleux voyage dans cette immensité céleste par cette petite planète qui nous accueille, la seule à notre connaissance à abriter la vie : la Terre.
                        
                        
                        
Nos grands anciens, l’homme de Néandertal, les Mésopotamiens, les Chaldéens voyaient cette voûte céleste tournait, au-dessus de leurs têtes, comme une grande chorégraphie stellaire, un manège perpétuel. Les étoiles revenaient inlassablement, au fil des nuits, à la même place les unes par rapport aux autres. Pas étonnant alors qu’ils en aient conclu que la Terre était le centre de l’Univers. Galilée, au début du 17° siècle établira la vérité. Non, le ciel ne tourne pas autour de la Terre. C’est la Terre qui tourne sur elle-même. Notre planète n’est elle donc pas plate, immobile, centre de l’Univers ?
                        
                        
                        
Aujourd’hui, nous lui connaissons une dizaine de mouvements dont un qui gère le jour et la nuit. Sa rotation.
Revenons un instant à mon public. Lorsqu’il s’agit de citer une étoile, l’étoile polaire (Polaris en latin) vient en premier. Qu’a-t-elle de particulier ? Là, les idées reçues abondent et, comme tout le monde le sait, elles sont bien souvent erronées. Par exemple : c’est la première qui apparaît le soir. Faux. Il est même nécessaire d’attendre que la nuit soit bien installée pour l’apercevoir.
C’est la plus brillante du ciel. Encore faux. Elle se situe en 59° position sur l’échelle de la brillance (on dit la magnitude) des étoiles.
C’est l’étoile du berger. Bien sûr que non. Celle que nous appelons à tort l’étoile du berger n’est autre que Vénus. Pourquoi je dis à tort ? Tout simplement parce que Vénus n’est pas une étoile mais une planète, parfois nommée la sœur jumelle de la Terre. Nous verrons plus tard que là encore, l’idée reçue n’est pas loin. Et surtout qu’il n’y ferait pas bon vivre dessus.
Remettons donc les réalités à leur place. Pourquoi est-elle si célèbre cette étoile polaire ? 
                        
                        
                        
Si nous étions capables de percer la Terre du Pôle Sud au Pôle Nord et que nous mettions l’œil dans ce trou, vous verrions dans le prolongement de cet axe de rotation de la Terre, une étoile située à 440 années-lumière (4 400 000 000 000 000 km). Elle s’appelle Alruccabah, ce qui veut dire le genou et elle est l’étoile principale (alpha) de la constellation de la Petite Ourse
                        
                        
                        
                        Sa seule particularité : c’est la seule étoile qui dans le ciel ne semblera pas bouger pendant toute notre vie. Tout le ciel lui tournera autour, dans le sens inverse des aiguilles du montre. Pratique comme point de repère. D’où l’utilité de savoir la repérer pour les militaires qui ont besoin de s’orienter
                        
                        
                        
                        
                        
                        
                        D’autres personnes sont tout aussi intéressées de reconnaître Polaris : les astronomes amateurs. En effet, tout télescope doit avoir son axe de rotation (on dit axe d’ascension droite) dirigé vers l’étoile polaire. S’il n’en est pas ainsi, vous ne pourrez pas avoir un suivi des objets dans le ciel. Ils disparaîtront très rapidement de votre oculaire. Nous reviendrons certainement plus tard, dans un autre article, sur ce phénomène et cette petite manœuvre que l’on appelle la mise en station des télescopes. Les enfants ne vont pas tarder à passer commande au Père Noël.
                        
                        
                        
Comment la repérer dans le ciel ? Il est certain que ce n’est pas sa luminosité qui saute aux yeux. Mais une méthode ancestrale apprise depuis des générations fonctionne parfaitement. La Grande Ourse, ou Grand Chariot ou Casserole est en permanence visible dans le ciel de France. Tout comme Cassiopée, la Girafe ou le Dragon. Nous appelons cela des constellations circumpolaires.
A partir de la Grande Ourse composée de 7 magnifiques étoiles très visibles, prenons les deux qui sont opposées au manche de la Casserole. Elles ont pour nom Mérak et Dhubé. Petit truc : si vous tendez le bras, en écartant le pouce et l’index, vos deux doigts semblent se poser sur ces deux étoiles. Prolongeons cette distance de cinq fois vers le haut de la Casserole. Nous trouvons une étoile un peu isolée. C’est l’étoile polaire, Polaris.
                        
                        
                        
                        Nous la trouverons donc vers le Nord et à une hauteur correspondant à la latitude du lieu. Les EV de Castelnaudary, nos camarades du Larzac et de Nîmes ainsi que les cavaliers de Carpiagne la voient aux environs de 44° de hauteur. A Kourou, elle se trouve seulement à 5° au-dessus de la ligne d’horizon. Mais nos KB de Mayotte pas plus que nos anciens de Mururoa ne pouvaient compter sur elle pour se repérer puisqu’elle est invisible dans l’hémisphère Sud.
                        
                        
                        
Par le passé, le premier à avoir mis en lumière cette particularité n’est autre que Magellan qui, en partant pour son tour du monde en 1512, a noté sur ses tablettes, jour après jour, que l’étoile polaire descendait vers la ligne d’horizon. Il naviguait plein Sud. Arrivé à l’équateur, Polaris devint invisible. Il prouvait du même coup que la Terre était ronde. Les ados platistes d’aujourd’hui devraient relire les carnets de Magellan.
Contrairement au pôle Nord, le pôle Sud est dépourvu d’étoile majeure. Pour nos légionnaires de Dzaoudzi, qu’ils ne se sentent pas brimés, ils ont d’autres étoiles phare pour s’orienter, la Croix du Sud par exemple.